"JE N'AI JAMAIS FAIT ÇA DANS MA CARRIÈRE" L'HISTOIRE DES FERS P-7CM DE COLLIN MORIKAWA

Collin Morikawa est sorti d'un Uber le menant au fameux Kingdom par une matinée ensoleillée de septembre, sans savoir à quoi s'attendre. Le double vainqueur de majeurs savait qu'il était convié à Carlsbad pour tester des fers, mais sans plus de détails. En arrivant sur l’aire principale du centre d’essai privé de TaylorMade, le Californien y a vu une tente, une table, deux ordinateurs portables, deux launch monitors et 11 copies différentes des mêmes fers.

« Alors, comment va-t-on procéder ? » a-t-il demandé. C'était une question sincère à l'époque, mais avec le recul, une requête amusante car personne ne connaissait vraiment la réponse. Il y avait un processus clair et un objectif final en place, mais les événements pour y parvenir étaient eux complètement inconnus.

« C'était un peu comme dans "Le livre dont vous êtes le héros" », a déclaré Matt Bovee, directeur de la création des fers chez TaylorMade. « Nous étions convaincus de notre plan, mais c'était à Collin de nous amener au résultat final. »

Pour toucher au but, il faut d'abord comprendre Collin. Voici le récit de la façon dont TaylorMade a construit les P-7MB personnalisés de Collin Morikawa, les P-7CM.

Adrian Rietveld, Senior Tour Manager : « Collin est un joueur très particulier avec qui travailler. Il est très différent des autres. Si vous regardez ses spécifications, certains diraient qu'elles sont même peu orthodoxes. Si quelqu'un se rendait sur place, regardait ses spécifications et changeait la moindre chose, il le remarquerait et dirait : « Il n'y a aucune raison de changer ça. Pourquoi donc l’avez-vous fait ? »

Scott Taylor, ingénieur principal Advanced Design : « Collin est venu au Kingdom il y a un an et demi et lorsque nous avons discuté du passage à de nouveaux fers, il a dit : "pourquoi passerais-je à quelque chose de nouveau ? J'aime le design de mes fers actuels. Ils sont parfaits pour moi". »

Rietveld : « C'est du Collin tout craché. Que ce soit les bois, les wedges, les fers... Il ne s'agit pas de lui demander ce dont il a besoin pour finalement lui donner. C'est tout un processus, dont nous n'avons aucune idée de l'issue. Mais nous commençons cette quête et, grâce à ses commentaires, à notre expertise et à notre expérience, nous arrivons à une conclusion qui lui convient. C'est ainsi que Collin travaille. »

Collin Morikawa : « Mes fers à l'époque, les P-730, étaient les premiers que j'avais joués et ils sont donc ma référence. Je les utilisais avant même de devenir professionnel, donc pour moi, mes fers étaient exactement ce que je pensais qu'ils devaient être à l'époque. S'il n'y avait pas de bénéfice clair en termes de performance, cela n'avait aucun sens de changer. »

Taylor : « Peu importe ce que nous lui aurions présenté à l'époque, il n'allait quoi qu’il arrive pas changer ses fers. Même si nous mettions la nouvelle cosmétique sur les P-730 et que les performances étaient les mêmes, il voulait quelque chose de mieux pour passer aux nouveaux modèles. C'était une tâche difficile. »

C’est lors de l'Open britannique 2021 qu’un moment déterminant de cette histoire a eu lieu. Et personne n’aurait pu en prédire l’issue. Non - ce n'est pas la deuxième victoire majeure de Morikawa en seulement huit tentatives – le croustillant se trouve dans c'est ce qui s'est passé avant. Morikawa s'est envolé pour le Royaume-Uni afin de participer à l'Open d'Écosse, avant le dernier tournoi majeur de l'année. C'est la première fois qu'il allait jouer sur un links et la première fois qu'il y allait douter de ses fers P-730.

Après avoir manqué le cut au Scottish Open, Morikawa a immédiatement pris son téléphone et appelé Adrian Rietveld. Il avait un problème et il devait trouver la réponse.

Morikawa : « Avant l'Open d'Ecosse, je me sentais bien, mon jeu de fers également et j'étais aussi confiant que possible avant un tournoi majeur. Une fois que j'ai commencé à frapper des coups sur le gazon typique des links, quelque chose a cloché. J'étais au milieu du fairway à 150 mètres et je frappais des fers 9 à 45 mètres des drapeaux. Je ne comprenais pas pourquoi et selon mes standards, c'était inacceptable. »

Rietveld : « Il m'a appelé dimanche après-midi juste après avoir quitté le parcours en Écosse et m'a expliqué les sensations qu'il obtenait en termes de frappe et d'interaction avec le gazon, avec les P-730. Il y a alors tout un tas d'options qui se présentent, mais on ne répond pas tout de suite. Vous dites simplement "merci pour le feedback et laisse-moi y réfléchir et revenir vers toi." »

Morikawa : « Ça me gênait vraiment. C'était presque comme si je me servais des gars de TaylorMade et de mon caddy pour me trouver des excuses. Je savais au fond de moi que mon swing était bon, donc nous avons juste commencé à travailler pour essayer de trouver comment faire pour que ce fer impacte mieux le gazon des links. »

Rietveld : « Je lui ai demandé, "Qu'est-ce que tu ressens avec ton fer-6 par rapport à ton fer-7 ? Il m'a répondu, "le fer-6 est bien". Donc, nous avons dit pourquoi ne pas essayer le fer-7 des P-7MC et si nous tenons quelque chose, nous pouvons passer aux fers plus longs. C'était le plan A et il a fonctionné. Il a utilisé tous les P-7MC, du fer 5 au pitching wedge."

Morikawa : « C'était un pari risqué, vraiment, et cela a porté ses fruits. Plutôt que de changer mon swing, j'ai pu changer de fers et j'ai gagné l'Open britannique. »

Rietveld : « Au sein de notre entreprise, cela a grand ouvert la boîte de Pandore. Nous nous sommes mis à éplucher les couches pour trouver pourquoi cela a fonctionné avec Collin. »

Bovee : « Cela a ouvert cette discussion : si nous devions concevoir une semelle spécifique pour Collin, que devrions-nous y inclure ? »

Les fers personnalisés ne sont pas étrangers à l'esprit des ingénieurs et des fitters de TaylorMade. Tiger a ses P-7TW et Rory joue ses Rors Protos. Cette tâche, cependant, a nécessité un processus de test qui ne ressemblait à rien de ce que les esprits les plus intelligents au monde en matière d'équipement avaient eu à faire auparavant.

Todd Chew, Senior Tour Manager : « Nous avons eu une conversation avec Collin et Rory lors de la séance photo en 2021, en Floride, et nous leur avons demandé de décrire le fer lame parfait. »

Bovee : « Les réactions de Collin et Rory ont été différentes, ce qui était exactement ce que nous espérions. Nous avons fait des tests avec Collin sur le practice, dans diverses simulations depuis le fairway, dans les bunkers et depuis quelques lies plus difficiles. »

Chew : « La matrice est en partie née de cette conversation et de ces tests, ce qui nous a permis de créer différentes variables et de les mélanger entre elles. »

Bovee : « Nous avons puisé dans tous les retours que nous avons eus de Collin en 2021 et avons continué à penser et créer spécifiquement autour de la géométrie de la semelle. Nous savions qu'il aimait les longueurs de lame compactes, nous savions qu'elles étaient ses fenêtres de lancement préférées et quels taux de de spin il recherchait. Il fallait juste se demander comment isoler les variables de la géométrie de la semelle et ensuite lui faire passer ce test. »

Taylor : « C'était ce que nous appelons un plan d'expériences. Une matrice où vous ne changez qu'une seule chose et où vous voyez si vous pouvez faire la différence lorsque vous la testez. Nous avons créé trois paramètres : la largeur de la semelle, le rebond et le rayon du bord d'attaque. »

Bovee : « Le swing de Collin est tellement répétitif et il est un si bon frappeur de balle que cela représentait une opportunité unique non seulement de lui donner ce qu'il veut mais aussi d'apprendre comment les géométries de semelle peuvent influencer d'autres attributs de performance comme l'angle de lancement, la déviation gauche-droite ou les taux de rotation. »

Taylor : « Nous avons créé une matrice de semelles plus fines, plus larges, plus pointues, avec plus ou moins de rebond et nous avons dit que c'était la matrice que nous voulions tester et qui, selon nous, pourrait lui procurer un avantage. Nous avions des options avec une largeur de semelle standard, un rayon de bord d'attaque standard, mais plus de rebond. Puis, largeur de semelle standard, rayon du bord d'attaque standard mais moins de rebond. Nous avons fini par créer 11 variations différentes de fers 7 du P-7MB et nous les avons usinées ici même à Carlsbad. »

Bovee : « Le facteur suivant est l'état du gazon, qui a été le facteur qui a déclenché toute cette découverte sur la géométrie de la semelle de Collin. »

Greg Manley, directeur du Kingdom : « Nous devions faire en sorte que l'herbe soit la plus ferme et la plus serrée possible pour que la semelle interagisse. Nous avons demandé à un agronome régional de l'USGA de venir l'examiner et de nous aider à y parvenir. Il a fallu plusieurs applications d'engrais, de verticutage et moins d'eau pour arriver à ce qu'il puisse sentir la semelle pénétrer dans le gazon comme il le souhaitait. »

Bovee : « Le gazon sur lequel nous allions faire les tests devait être représentatif de ce qu'il allait voir semaine après semaine sur les différents sites du PGA Tour et sur les parcours internationaux comme ceux de l’Open britannique. »

Manley : « La chose particulière que nous devions faire était le verticutage multidirectionnel, qui est un processus qui redresse l'herbe et la coupe. Lorsque vous coupez l'herbe dans plusieurs directions, l'herbe ne peut pas se coucher dans une seule direction, ce que le gazon Bermuda peut faire. Le verticutage est suivi d'un épandage de sable, qui aide également à raffermir le sol. C'est probablement la seule application qui a été faite une douzaine de fois ou plus au cours de ce mois et demi de préparation à l'arrivée de Collin. »

Rietveld : « Nous avions littéralement des experts dans chaque facette du jeu impliqués dans ce processus et une fois que nous avons tous fait notre travail pour le composer, nous sommes juste restés ensemble comme une équipe et avons écouté ce que le meilleur joueur de fer du monde avait à dire. »

Nous sommes enfin de retour à cette journée ensoleillée de septembre au Kingdom. Pas d'attentes. Pas de description du procédé. Juste Collin Morikawa et 11 fers-7 différents. L'aventure commence enfin.

Taylor : « C'était un test totalement aveugle. Matt Bovee et moi étions les seuls à savoir ce qu'il frappait et à pouvoir réagir à la manière dont il réagissait et dont il en parlait. Nous voulions simplement être en mesure de comprendre immédiatement ce qu'il aimait et ce qu'il n'aimait pas. »

Morikawa : « Cela m’a un peu effrayé quand on m'a dit que j'allais tester 11 fers différents. Je n'avais jamais fait quelque chose comme ça dans ma carrière, mais j'ai simplement fait confiance au processus qu'ils m'ont exposé et j'ai continué à penser qu'il y avait peut-être quelque chose d'un peu mieux que je n'avais pas encore essayé. »

Bovee : « Le test était un peu comme un livre "Choisissez votre propre aventure". Nous avons commencé par des produits diamétralement opposés, puis nous avons déterminé ce qu'il aimait et ce qu'il n'aimait pas. Ensuite, nous avons introduit différents prototypes dans le mélange pour soit valider ce qu'il ressentait dans le dernier, soit essayer de voir si nous pouvions le faire changer d'avis. »

Rietveld : « Nous lui avons donné un des fers et il a dit "celui-ci semble trop lourd", en le comparant à un autre. Nous l'avons mis sur une balance et il y avait un gramme de différence. C'était irréel. »

Taylor : « Nous parlons de millimètres, parfois de dixième de millimètres de différence dans ces prototypes et il était immédiatement capable d'identifier les différences. »

Morikawa : « C'était incroyable d'avoir cette option pour simplement essayer un tas de fers différents sans même savoir ce qu'ils étaient et sentir la différence, apprendre la différence des fers en fonction de la largeur ou de la semelle pour ce dont j'ai besoin. »

Chew : « Nous avons pris des notes pour suivre ses réactions afin de pouvoir éliminer des variables particulières de chaque modèle dans la matrice. S'il aimait un modèle, nous pouvions le comparer à un autre et éliminer cette variable particulière pour nous concentrer sur la variable qu'il aimait. Cela s'est fait rapidement. »

Taylor : « Lorsqu'il frappait une semelle plus large ou un bord d'attaque plus léger, il disait qu'il se bloquait et que cela ne glissait pas aussi rapidement que souhaité sur le gazon. Il ne savait pas pourquoi. ll l’a senti, tout simplement. Nous avons regardé la matrice et les chiffres du moniteur de lancement et c'était tout à fait logique. »

Chew : « Cela nous a évité de passer beaucoup de temps à frapper des coups avec des fers qui n'allaient pas fonctionner. Il était logique que la semelle plus étroite avec un peu plus de rebond soit la meilleure pour lui, car elle ressemblait beaucoup à la semelle des P-7MC qu'il utilise. »

Bovee : « Il a d'abord choisi l'option trois, puis Adrian (Rietveld) et Todd (Chew) ont commencé à regarder les chiffres entre les deux et c'est là que leur expertise est entrée en jeu. Ils étaient un peu préoccupés par le fait que l'option trois vers laquelle il gravitait pourrait trop creuser le sol dans certaines des conditions de gazon sur le circuit par rapport à celles du Kingdom. »

Rietveld: “That’s when we went back to option five which had a blade sole that is quite similar to the MC, but he can also get the performance of what a blade is while blending that together with the performance of what a cavity does in the long irons. He kept testing that option and it was clear that was the best of the 11.”

Taylor: “The real telling moment was when he hit his gamer against the prototype he landed on and said it was better. We went from a year or so prior where there was some skepticism and we wondered how we perfect something for someone who’s already perfect at it to now having zero doubt his version of the P·7MB would be in the bag when the time came.”

Chew : « C'était un processus unique de notre point de vue, car il est rare de creuser autant à la conception de fers, contrairement à notre façon de procéder avec les drivers ou avec les bois de parcours. Pour les fers, c'était le premier véritable test approfondi, en particulier pour Collin, où nous avons été en mesure de recueillir autant d'éléments à prendre en compte et de commentaires sur le processus. »

Bovee : « C'est un luxe d'avoir à disposition un aussi bon testeur et cela a fonctionné non seulement pour lui, mais aussi pour nous pour les futures conceptions de fers et les stratégies de test que nous allons déployer. »

Chew : « Lorsque vous avez dans votre équipe des gars comme Collin, Rory et Tiger, de pouvoir utiliser leur expertise et leurs connaissances afin de vous montrer ce qui fonctionne, qui d'autre pourrait le faire ? De plus, Collin rejoint maintenant Tiger et Rory en ayant leur nom ou leurs initiales sur les fers qu'ils jouent, ce qui, nous le savons, signifie beaucoup pour lui. »

Morikawa : « C'est fou de penser que mes initiales sont sur mes fers, mais c'est plus une question de performance. Il n'y a pas beaucoup de changement visuel par rapport aux P.730, juste de petites différences dans la façon dont ils interagissent avec le gazon et une largeur de lame et un rebond légèrement différent pour les rendre plus polyvalents dans toutes les zones du parcours et sur tous les types d'herbe. De plus, ils sont si beaux à l'adresse. »